Fabriquez vous même vos Flèches en Bois

Réalisation de Flèches en Bois.

 Si, aujourd’hui, les Flèches en carbone ont supplanté non seulement les Flèches en Bois, mais bien souvent aussi les Flèches en aluminium ; elles restent pour moi indissociable d’un arc Traditionnel et j’éprouve énormément de plaisir à tirer avec ce type de Flèche.

Le fait que les fûts soient « pleins » est également très agréable au niveau « sonorité », que ce soit en vol ou dans votre carquois (hanche, dos…etc).

Le passage des fûts bois aux fûts carbone nécessite quelques modifications de réglages sur mon arc ; comme la hauteur du point d’encochage; et l’écartement des 2 Nock Set (les encoches des fûts bois sont légèrement plus larges).

Certains me diront que les fûts carbone sont plus rapide, j’ai effectué des passages au Chronographe, et à poids de Flèche équivalent, les écarts ne sont pas significatif. Une vitesse supérieure est bien souvent due à un poids de Flèches moindre uniquement, la matière influe très peu.

En terme de pénétration, il y a des écarts avec des pointes cible et sur des cibles en mousse dense, écarts notamment liés aux diamètres des Flèches (fûts bois plus gros). Avec des lames de chasse « rasoir », aucuns soucis avec des fûts bois, la lame fait le travail en amont et permet le passage du fût.

En termes de praticité, le carbone, a l’avantage de permettre des changements de pointes aisément ou d’insérer des accessoires type rondelles « adder » entre lame et fût pour le petit gibier. Sur des fûts bois cela est plus compliqué car les pointes sont collées. Il existe des adaptateurs permettant de visser et dévisser les pointes sur les fûts bois, mais, personnellement, je n’aime pas les utiliser (esthétisme très moyen de mon point de vue + problème d’alignement)

Enfin, au niveau de la solidité, là, sans conteste, le carbone est plus résistants, mais vu le prix de revient des fûts bois, cela ne me semble pas gênant, et quelle plaisir de fabriquer à chaque fois des Flèches différentes !

Cette transition sur la fabrication me permet de rentrer dans le vif du sujet !

Matériel Nécessaire :

Pour fabriquer vos Flèches en Bois, quelques outils vous seront nécessaires.

–          Quelques Pinceaux

–          Des teintes ou Peintures si vous voulez décorer vos fûts

–          Du vernis marin ou un lasure extérieur

–          Du papier de verre très fin et de la laine d’acier

–          Une scie à métaux

–          Un taille fût

–          Différentes colles pour les pointes (bi-composant type « Araldite » couleur bleue) et les encoches (Flech-Tite par exemple)

–          Du scotch double face pour coller vos plumes (ou éventuellement de la colle Flech-Tite)

–          1 Empenneuse

–          1 « Planche à découpe » pour vos fûts.

Et pour ceux qui veulent aller plus loin :

–          Une balance en grain

–          Un Spine Tester

 

1ère Etape : Le choix du Spine.

 Le Spine est indiqué par les revendeurs par tranche de 5 # (50/55, 55/60….etc).

Il existe des Chartres spécifiques pour les fûts bois. Ces chartres sont bien souvent établies pour l’utilisation de pointes d’un poids de 125 grains et ne tiennent pas compte des caractéristiques (centrage de la fenêtre notamment) et des performances de votre arc.

L’utilisation de certains fichiers Excel type « Dynamic Spine Calculator » facilitera grandement votre choix (fichier disponible sur de nombreux forum comme Archasse, Webarcherie, ArctradOnly, Les Robins des Bois…). Ces fichiers prennent en compte les caractéristiques réelles de votre arc.

2nd  Etape :

Contrôle des Fûts, commencez par un contrôle visuel et au touché, vérifiez soigneusement qu’aucun de vos fûts ne présente de défaut majeur signe de fragilité, telle une fente dans le bois. Si cela arrive, écartez-le sans hésiter ! Le tir d’un fût abîmé peut s’avérer très dangereux.

Vérifiez également la rectitude de vos fûts (faites les rouler sur une table bien plate), attention, gardez quand même à l’esprit que c’est du bois, pas du carbone, de légers défauts de rectitude ne sont pas rédhibitoires et ne gêneront en rien le vol de vos Flèches contrairement aux idées reçues (surface de contact avec votre fenêtre d’arc très faible / paradoxe de la flèche).

En cas de défaut plus important vous pouvez les redressez à la main (en douceur pour ne pas les casser) et en vous aidant si besoin de vapeur d’eau.

Ensuite, pour ceux d’entre vous qui sont le plus exigeant, je vous invite à peser vos fûts et à les trier, faites des paquets avec des plages de 10 grains d’écart. Isolez les plus lourds et conservez-les pour la chasse (si vous les destinez à cet usage bien sur). Faites des repères sur vos fûts si besoin, mais, honnêtement, sauf pour les écarts de poids extrêmes (parfois 40/50 grains entre le plus léger et le plus lourd), et pour les tirs supérieurs à 18 m, les écarts resteront anecdotiques.

Les « meilleurs » revendeurs (ou les plus sérieux….) trient les fûts avant de vous les envoyer, je reçois des paquets par douzaine qui rentrent tous dans le critère évoqué ci-dessus (moins de 10 grains d’écarts entre chaque fût).

Pensez également à peser vos flèches une fois terminées afin de vous assurez que le poids total de la flèches est au minimum de 8 grains par livre de puissance utilisée (par exemple 440 grains pour un arc de 55 livres à votre allonge). Cette ultime vérification évitera d’endommager votre arc par le tir de flèches trop légères…

Enfin, pour ceux qui dispose d’un Spine Tester, vous pouvez les contrôler, il y a parfois des surprises ; mais là encore certains revendeurs font la différence…

3ème  Etape :

Il va s’agir de marquer le coté « pointe » et le coté « encoche ». Je précise que cette opération est marginale, mais les vieilles habitudes ayant la vie dure je l’effectue à chaque fois…

Pourquoi ? Avec des fûts « artisanaux, elle est vivement conseillée pour des raisons de sécurité.

Il s’agit de regarder le sens des « flammes » sur les fûts et de les orienter vers soi (sens contraire du tir) ; en cas d’éclatement du fût (à la décoche) le bois éclatera ainsi vers l’intérieur de l’arc et non vers votre main évitant ainsi une blessure importante.

Phénomène relativement rare (que je n’ai personnellement jamais vécu), les fûts modernes tournés en machine présentent peu de risque.

Je précise que cette étape n’est pas toujours évidente, il y a des dessins ou « flammes » de part et d’autre du fût et qui parfois s’opposent… Déterminez alors la dominante, il y en a souvent une.

Marquez alors  le coté « pointe ».

4ème Etape :

A l’aide de votre taille fût, réalisez le cône coté encoche.

Taillez tout d’abord 1 seul cône et testé une encoche dessus, elle ne doit pas présenter de jeu, ne pas être en appui sur le fond de l’encoche (dans ce cas, raccourcissez alors le cône d’1mm ou 2 à l’aide d’un couteau bien affûté) et elle doit tenir « serrée » sans colle.

Si tel le résultat vous convient, taillez tous vos fûts et positionnez vos encoches sans les coller pour l’instant.

5ème étape :

Il va s’agir de recouper les fûts à votre allonge et de tailler le cône pour la pointe (ou lame).

Fabriquer vous une planche pour recouper vos fûts à la bonne longueur, un tel accessoire est utile quel que soit le type de fût utilisé (Bois / Carbone / Aluminium).

Ainsi vous pourrez mesurer facilement la longueur de vos fûts depuis le creux de l’encoche.

Recoupez vos fûts plus longs que votre allonge réelle. En moyenne, 2 pouces de plus que votre allonge. Cela permettra de tailler le cône pour la pointe ou la lame (en moyenne une longueur d’1 pouce  sera à l’intérieur de la pointe utilisée) et 1 pouce de marge pour éviter que vos lames ne viennent heurter l’arc à l’armement.

Une fois les fûts recoupés vous pouvez réaliser les cônes coté lame à l’aide de votre taille fût. Procédez comme pour le cône de l’encoche, faite d’abord un seul fût, positionnez une pointe pour vérifier « l’emboitement » et l’alignement. Il est possible, selon le type de taille fût utilisé que vous soyez amené à faire un repère sur le taille fût pour obtenir la longueur de cône adéquate et régulière.

Avec un peu d’habitude, et quand vous connaitrez votre matériel (type d’encoche, de pointe…) ces 4 premières étapes se dérouleront très rapidement.

6ème étape :

Le vernissage de vos fûts.

Avant de vernir vos fûts, passez un coup très léger de papier de verre (grain très fin) , cela améliore l’accroche des vernis.

Avant de vernir, il est possible de teinter les fûts avec des lasures de couleur (le choix est vaste dans toute les grande surface de bricolage) ou de faire des Crestings de couleur avec de la peinture (j’utilise pour cela des échantillons de peinture que je trouve en grande surface de bricolage).

Bref, à ce stade, tout est possible, faite vous plaisir, laissez votre âme d’artiste s’exprimer !

Pour le vernis, plusieurs méthodes existent, certains procèdent par trempage (dans un tube PVC bouchonné préalablement par exemple), personnellement, je n’aime pas cette façon de faire ; elle présente l’inconvénient de charger davantage en vernis une extrémité du fût). Les écarts sont parfois importants et le vernis séchera mal. Si vous procédez ainsi, mettez le coté le plus chargé en vernis coté plume, sinon vos fûts « colleront » en cible.

Personnellement, c’est un peu plus long (et encore que…), je vernis mes fûts avec un au pinceau, cela permet de mettre plusieurs couches très fine et évite toute surcharge.

Entre chaque couche : passage à la laine d’acier pour obtenir des fûts « lisses » comme du verre !

Je mets 3 à 4 couches de vernis sur chaque fût.

7ème  étape :

Positionnement de l’encoche (ce positionnement doit s’effectuer dès l’étape n°3 si vous avez l’intention de peindre l’arrière des fûts car le fil ne sera plus visible ensuite).

Il faut déterminer l’orientation de l’encoche de façon à ce que le fil du bois soit perpendiculaire à la corde de votre arc. Ne négligez surtout pas ce point, il est très important que les Flèches soient positionnez ainsi (sens le plus rigide du bois) pour un vol régulier.

C’est d’ailleurs de la négligence de cette orientation que viennent bien souvent les erreurs de Spine (mauvais positionnement sur le spine-tester).

Si vous notez un coté ou le fil est plus serré, positionnez le contre la joue de l’arc.

Mettez quelques gouttes de colle à l’intérieur de l’encoche et positionnez là sur le cône en lui faisant faire quelques tours sur elle-même afin de chasser l’air présent et d’assurer un collage optimal.

Un délai d’attente d’environ 15 mn est nécessaire avant de coller les plumes.

8ème étape : Le collage des plumes

J’utilise le plus souvent des plumes naturelles d’une longueur de 5 ‘’, de forme « shield » ou « parabolique ». Je n’ai pas de noté de différence de vol entre ces 2 types de plumes.

Cette longueur de plume est parfaitement adaptée pour les puissances que nous utilisons à la chasse. En cas d’utilisation d’arcs de puissances inférieures à 45 livres, l’usage de plumes plus courtes (3 ou  4 ‘’) est plus adapté afin d’optimiser la trajectoire en vol (tireurs sur cible / 3D).

Mes empennages sont « droits »; selon certaines études, les montages hélicoïdaux sont déconseillés avec des lames de chasse (perte de pénétration). Je n’ai jamais effectué de tests comparatifs entre ces 2 façons de faire.

L’utilisation de scotch double face présente l’avantage de la rapidité car elle évite des temps d’attente entre chaque plume, positionnez les une à une en appuyant fermement sur la plume et passez aussitôt à la suivante.

2 points d’attentions sur vos plumes (valable également pour des fûts carbone ou alu) :

–          Vérifiez que vos plumes sont bien issues de la même aile (droite ou gauche) afin d’éviter des vols erratiques.

–          Contrôlez l’épaisseur du rachis, certaines plumes sont livrées avec des rachis relativement épais (2/3 mm), une épaisseur de rachis d’environ 1 mm  est idéale (diminution de l’épaisseur possible avec une ponceuse à bande utilisée à l’envers, plumes tenues dans la pince de l’empenneuse).

Un rachis trop épais apporte 2 inconvénients. Le premier peut être un décollement prématuré de vos plumes entrainé par une déformation des plumes qui reprennent leur courbure d’origine ; et le second est un vol erratique de votre flèche dû à un mauvais « effacement » des plumes lors du passage de la fenêtre (surépaisseur).

Réglez la pince de votre empenneuse de manière à coller les plumes à environ 2 cm de la base de l’encoche et sur la position empennage à « 3 » plumes.

Il m’arrive d’empenner à 4 plumes pour réalisez des flèches type « Flu-Flu » (entrainement / arc-trap par exemple), mais bien souvent j’en reste à 3 plumes également pour la chasse (je vais chercher mes flèches plus loin, mais elles ne sont pas freinées et conservent ainsi toute leur force de « choc »)

Enfin, mettez un point de colle à chaque extrémité des plumes (Flech-ite) afin d’éviter des décollements et le risque de voir une plume vous blesser à la main d’arc lors de la décoche.

9ème étape : Le collage des pointes

Dégraissez l’intérieur des pointes avec de l’alcool ou de l’acétone pour vous assurer d’un collage parfait.

J’utilise pour cette étape de la colle « Araldite » (pot ou tube de couleur bleue) que vous trouverez en grande surface de bricolage. Cette colle existe de couleur « rouge » (séchage rapide / décollements possible aux « chocs « ) et de couleur verte (séchage lent).

Avec des pointes cible, cette étape ne présente pas de particularité, enduisez le cône préalablement réalisé avec la colle et positionnez votre pointe en la tournant plusieurs fois sur elle-même afin de chasser l’air avant de l’enfoncer entièrement.

Pour l’utilisation de lames de chasse, procédez de la même façon en alignant la lame sur la plume coq pour une 2 lames, sur les 3 plumes pour une 3 lames et l’une des lames sur la plume coq pour une 4 lames.

 Vos flèches sont maintenant terminées !

J’espère que vous avez pris du plaisir à les réaliser et que vous en prendrez également à les utiliser.

Qui sait, vous vous prendrez peut-être à rêver que vous êtes de Robin des Bois…

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