27 au 29 Octobre (Drome)
Nous arrivons pour la 3ème année au Gîte du col de blanc (Drome) le Jeudi soir.
Veronique et Bernard nous accueillent pour le repas et déjà nos esprits et les discussions s’échappent dans la montagne pour y trouver Chamois, sangliers et autres chevreuils.
Nous savons maintenant (3ème année en ces lieux, qu’ici rien n’est gagné et que la probabilité d’un bredouille n’est pas a écarter.
Vendredi matin, quelques membres de l’équipe tentent leurs chances plus haut dans la montagne pour trouver le chamois de leur rêve. Nous partons à 4 pour une coupe de régénération avec Molly (ma jeune cocker anglais) pour y débusquer des sangliers.
La matinée sera calme, le mistral se lève et le vent souffle de plus en plus fort au fil des heures.
Fin de matinée Olivier et moi décidons d’aller repérer la zone d’affut envisagée pour la soirée (sous des châtaigniers, zone de repas des sangliers), nous apercevons alors le premier animal du séjour : un chamois se dérobe devant nous.
Soirée à l’affût, je verrais 4 Sangliers (que j’estime à 25/30 Kg) traverser une clairière comme des balles (distance 60/70 m)et s’attaquer sans ralentir la montagne…. J’avais déjà été impressionné il y a 2 ans de la capacité des sangliers à évoluer dans les pentes.
Olivier me dira au retour qu’il les a eu à +/- 25 m, mais il s’est Fait éventer d’où la fuite précipitée à laquelle j’ai assisté. Il estime pour sa part qu’ils faisaient moins de 10 Kg alors qu’ils étaient seuls et déjà tres foncés.
Le Mistral a balayé la clairière dans tous les sens toute la soirée, diminuant sérieusement nos chances et avec des pointes à plus de 70 km/h, le froid nous gagne et nous avons hâte de rentrer !
Comme l’a dit Olivier c’était la machine à laver… Des milliers de feuilles mortes volaient, tourbillonnaient et dévalaient les pentes…
Alors que je me suis rapproché du bois pour m’abriter du vent, j’aperçois néanmoins à la nuit tombante une chevrette avec un chevillard. J’essaye de les attirer en aboyant (j’ai deja réussi), mais un 3ème chevreuil que je n’avais pas vu (probablement le Brocard) me répond un peu plus haut sans se montrer; les 2 premiers hésitent puis continuent leur chemin en direction des près situés plus bas dans la vallée…
Samedi matin, nous poussons en silence quelques coupes relativement denses. Puis chacun tente sa chance en approche / affût.
Je reste Avec Olivier quelques temps puis vers 11h nous avons chacun une idée différente en tête et nous nous séparons en fixant le RDV à 12h30 pour remonter ensemble au gite.
Je longe une coupe de régénération avant de trouver un endroit où affûter au sol.
J’entend nettement des sangliers grogner et venir dans ma direction mais le vent souffle et tourne dans toutes les directions…. je me fais éventer, plus rien….
12h10, il est temps de rejoindre le point de RDV.
12h25 à moins de 5 mn du point de Rdv je longe une falaise et je regarde vers le haut en imaginant des Chamois me regarder… C’est la 4ème fois que je passe à cet endroit et chaque fois je lève la tête en imaginant des Chamois me regarder et en me demandant si le Tir est réalisable !
Et cette fois : il sont deux !!!
L’un me regarde, il est de face, charpenté, je distingue le haut des épaule, la partie haute du poitrail jusqu’à sa tête.
Le second est de 3/4 arrière en grosse partie caché par la végétation et des roches.
5 à 10 secondes passent à se regarder. Seconde pendant lesquelles je me dit qu’ils sont trop loin, qu’un Tir par le dessous peu me permettre de chercher la colonne ou la carotide mais que ce n’est pas un tir très recommandé….
N’ayant pas beaucoup d’expérience sur les Chamois, je pense aussi aux chevreuils, jamais un chevreuil ne me laisserait le temps de lever et armer mon arc : au premier mouvement il serait parti.
Et puis je me dit que c’est aussi un test, je vais tenter d’armer mon arc pour voir sa réaction.
J’arme mon arc, je suis en pleine allonge 1 seconde peut être un peu plus, et la quelques chose m’échappe…. je vois la flèche entrer à la base du coup juste la ou je l’avais imaginé.
Le Chamois pivote sur sa gauche et sort de mon champ de vision.
Les choses ont été vite. Je suis sur de mon atteinte, c’était risqué mais à la base du cou et avec cet angle il n’y a pas 10 options.
La colonne : il serait tombé sur place, il reste donc 2 options : le gras entre la peau et les chairs dans ce cas c’est foutu mais je ne crois pas; ma flèche est entrée pleine masse je ne vois qu’une option valide : la carotide. J’en suis persuadé.
Je vais au point de RDV au pas de course, Olivier est moins de 150 m devant moi. Je l’appelle et lui raconte mon histoire.
Il me propose d’aller manger et de revenir après, mais je brûle de savoir et de toute façon le temps de monter sur la falaise nous allons déjà mettre 10 mn à 1/4 d’heure.
Je reprend Molly au passage car ma jeune Chienne a montré des prédispositions à la recherche au sang.
Nous trouvons un endroit sur la gauche de la falaise pour grimper. Molly est en laisse au cas où.
Arrivée à l’anschluss : du sang, une bonne quantité. L’artère carotide !!!
Je met Molly sur la voie et c’est parti.
Les 10/12 premiers mètres sont balisés par des giclées de sang, à cette distance je trouve ma flèche ensanglantée et beaucoup de sang sur le tronc d’un hêtre.
Dans les broussailles, Molly m’échappe et se jette sur les 5/6 m suivant. Une flaque de sang énorme attire notre attention (Olivier est la lui aussi), le sang est dans le haut d’une »cheminée »; mon regard se porte plus bat et mon cœur Fait un bond : il est la !!!!
Couché sur le flanc, je descend en l’espace d’un instant et je vois sa poitrine encore bouger. Olivier me dit de faire attention.
Je sors mon couteau et je sers ce bel animal.
Molly est la elle aussi et pour la première fois elle donne de la voix et cherche à Mordre et tirer sur le Chamois. Je la félicite elle aussi.
Nous décidons de descendre le Chamois par la
Cheminée qui mène jusqu’au chemin par lequel nous sommes arrivés.
Des que nous sommes sur le plat, je veux rendre les honneurs à ce beau Chamois et je lui glisse une branche de Genevrier dans la bouche. Premières photos, franches accolades avec Olivier.
Le gîte est à au moins 1/2 heure à pied et nous n’avons pas de bague sur nous.
Je remonte vers le gîte jusqu’à trouver du réseau et je téléphone à Samuel qui arrivent quelques minutes plus tard Avec Bernard.
Nous remontons au gite ou le reste de l’équipe nous attend. Bernard me baptise avec le sang de mon premier Chamois, toute l’équipe est la et je sens mes amis heureux de partager ce moment avec moi. Séance photos, seul, en groupe, du matériel …. etc
Le reste de la journée de passe dans un nuage. La soirée est animée et quelque peu arrosée.
Merci dame nature pour ce magnifique présent.
Et, comme dans un rêve, j’ai son jumeau en plein travers le soir même à 8/9 m (dans mon dos), Tir impossible car quand j’amorce un mouvement pour me retourner il fait un bond et se décale a une vingtaine de mètres, avant de siffler et disparaître.
Je n’ai aucun regret, car quand il disparaît j’ai ressenti quelque chose d’étrange…. Peut être un signe de la montagne qui m’avait offert quelques heures plus tôt l’un de ses princes, son fantôme est passé prêt de moi me saluer….
Matériel utilisé :
Longbow Tundra Fidjbowcompany de 64 » pour 52 # @ 28 » Take Down (prototype car le premier arc démontable que je fabrique avec ce système de manchon)
Flèche VikingArrow fabriquée par mon ami Julien et équipées d’une lame Zwickey »no-mercy ».
a boucle est bouclée, un arc né entre mes mains et des Flèches dans celles de Julien.